Non à la fermeture du centre IUFM de Douai
Le SNESUP-FSU, première organisation syndicale des enseignants du supérieur, a pris connaissance de la « décision » du président Christian Morzewski de l’université d’Artois de fermer sine die le centre IUFM de Douai.
D’une part et sur la forme, la légalité de cette « décision » apparaît extrêmement contestable : annoncée lundi 5 octobre aux personnels de ce centre, elle a manifestement été prise unilatéralement, alors qu’une telle mesure nécessitait les avis préalables d’au moins quatre instances de l’université : le Conseil d’école de l’IUFM, le Comité Technique Paritaire, le Conseil des Études et de la Vie Universitaire et le Conseil d’administration.
En outre, cette « décision » a été prise au mépris flagrant de la convention-cadre conclue au lendemain de l’intégration de l’IUFM à l’université d’Artois, qui pose le principe de la collaboration entre les 6 universités de l’académie en matière d’organisation de la formation des enseignants.
Le SNESUP-FSU Nord Pas de Calais se réserve ainsi la faculté de saisir le juge administratif en annulation de cette décision.
D’autre part et sur le fond, cette « décision » est mal fondée. Son auteur invoque la simple application de la loi : mais quelle loi ? Ni la loi LRU, ni les textes réglementaires ou circulaires publiés à ce jour sur la réforme de la formation des enseignants n’imposent de telles fermetures.
Peut-être le président de l’université d’Artois se réfère-t-il à une allusion à la suppression des IUFM dans un discours prononcé l’an dernier par le président de la République, ce qui reviendrait à reconnaître force de loi à ses propos…Ce serait d’autant plus surprenant que la puissante bataille menée au premier semestre de cette année par la communauté universitaire a, précisément, conduit le gouvernement à reculer sur de tels projets.
Que cache cette volonté d’anticiper sur des dispositions légales très hypothétiques, sinon le projet personnel du président Morzewski, également annoncé à la presse sans consultation des instances de l’université, de création d’un « campus » à ARRAS dont tout porte à croire qu’il s’agit d’une tentative de contre-feu au Campus Grand Lille ?
Cela, incidemment, illustre le danger créé par le campus lillois de « dommages collatéraux » pour les trois autres universités de l’académie et leurs territoires d’implantation, que dénonce par ailleurs le SNESUP-FSU depuis plus d’un an, et encore récemment lors du Conseil Académique de l’Education Nationale du 5 octobre dernier.
Enfin et en opportunité, indépendamment même des inévitables conséquences dommageables d’une telle décision du point de vue des intérêts légitimes des collectivités territoriales directement concernées, il s’agit d’un véritable coup de force, première étape vers le monopole par la seule université d’Artois d’une mission nécessitant, au contraire, une coopération interuniversitaire académique renforcée. Il s’agit aussi de confier la formation des enseignants aux seules UFR et Facultés de cet établissement alors qu’elles n’en ont manifestement pas toutes les compétences, au détriment de la qualité de la formation professionnelle des enseignants que les formateurs qualifiés et expérimentés de l’IUFM sont en mesure d’apporter.
Comment ne pas craindre que la fermeture du centre IUFM de Douai, au prix de nombreuses reconversions imposées, voire de licenciements, que le président Morzewski semble envisager sans états d’âme, ne préfigure la disparition, à terme, des autres centres ?
Le SNESUP-FSU exige du président Morzewski qu’il retire son projet immédiatement et sans conditions.
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