Le SNES dénonce les amalgames, les a priori dénués de tout fondement scientifique et les contre vérités de l’article intitulé « La France, mauvais élève européen en matière d’évaluation de l’enseignement des langues vivantes », paru dans Le Monde du 24 février 2007.
Sous couvert de rendre compte du rapport de l’Inspection Générale en matière d’évaluation des langues vivantes, l’article s’en prend en fait au niveau des élèves et aux enseignants, une seule phrase faisant en effet référence au rapport de l’IG. Ceci n’est pas admissible.
De plus, la « représentativité » de certains des exemples cités ne peut que nous laisser dubitatifs quant au sérieux de la démarche d’un journaliste qui met en cause des enseignants mobilisés contre des suppressions de postes.
Les remarques avancées au fil de l’article appellent elles plusieurs mises au point.
Le poncif « Nous sommes les plus mauvais élèves de l’Europe » est avancé , faut-il le rappeler, par ceux-là mêmes qui cherchent à nuire au Service Public d’Education.
La comparaison avec les autres pays, européens ou non d’ailleurs, ne doit pas oublier de prendre en compte certaines réalités élémentaires : en citant la Finlande par exemple, il aurait été juste de rappeler que ce pays consacre une part importante de son budget à l’Education, y compris aux langues vivantes et ce dès le primaire.
Il aurait été également honnête de préciser que , dans les différentes évaluations internationales, les populations scolaires étudiées ne sont pas les mêmes, parce que selon les pays, le système scolaire est soumis à des politiques très différentes, de démocratisation ou au contraire d’élitisme. Aucune comparaison possible en effet entre un lycéen bavarois (20% d’une tranche d’âge accèdent au niveau baccalauréat) et un lycéen français !
En outre, il aurait été judicieux de faire état de l’évolution des conditions d’enseignement des langues vivantes, notamment l’évolution des effectifs et la diminution des horaires. Depuis la dernière réforme, ils sont en effet passés de 3 à 2h hebdomadaires, alors que les études scientifiques établissent à 3h hebdomadaires le seuil nécessaire à l’apprentissage.
L’offre de langues, elle, se réduit d’année en année au nom du principe d’économie….Si des réformes vont dans le bon sens, ( LV2 obligatoire au bac S, développement des classes européennes), il faut constater que ce sont des « niches d’excellence » dans un contexte de réductions budgétaires qui pénalisent l’ensemble des élèves.
Malgré ces conditions difficiles, les enseignants de langues utilisent de très nombreux outils d’entraînement et d’évaluation, contrairement aux exemples caricaturaux cités : jeux de rôles chez les débutants, y compris en primaire, mini -dialogues, débats et exposés à partir de supports variés…Les échanges et les voyages scolaires contribuent aussi à cet entraînement, même si l’Institution ne permet pas, pour des raisons matérielles, à tous les élèves d’y prendre part. Enfin, le laboratoire n’est pas, faut-il le rappeler, une finalité : il est un outil au service d’une démarche pédagogique. Laisser sous-entendre qu’il serait le nec plus ultra de l’apprentissage oral est une aberration.
Enfin, en ce qui concerne l’évaluation proprement dite, le SNES revendique depuis de nombreuses années une évaluation complète en langue, écrite et orale, dans le cadre des épreuves finales au baccalauréat. Les réponses de l’Institution ne vont pas dans ce sens. Nous le déplorons et le dénonçons car les choix faits par le Ministère (groupes de compétences, certifications, contrôle continu….) sont exactement à l’opposé d’une volonté d’amélioration de l’enseignement et de l’évaluation des langues vivantes.
Conformément à la législation, nous demandons donc un droit de réponse au Monde.