Accroissement des suicides en prison

Après les affaires de meurtres et de prises d’otage, c’est le suicide d’un mineur le 6 octobre dernier, qui défraie une nouvelle fois la chronique sur la pénitentiaire. Si l’attention est portée sur la situation particulière de la Maison d’Arrêt de Metz-Queuleu, théâtre d’autres tentatives ces derniers jours, il est nécessaire de considérer la multiplication des suicides de ces derniers mois.

Malgré une politique de prévention du suicide menée sur la base du rapport rendu par le psychiatre Terra en décembre 2003, les chiffres annuels des suicides restent en effet quasi constants.

La surpopulation pénale croissante crée des conditions d’incarcération qui obèrent la protection des personnes que le service public pénitentiaire cherche pourtant à assurer. Les dispositifs mis en œuvre ces dernières années pour prévenir les cas de suicides, se révèlent de plus en plus inopérants dans le contexte actuel. Observer, évaluer, repérer relèvent d’une méthode limitée et complètement dépassée quant elle s’applique à un nombre toujours plus grand de personnes.

La volonté de la Direction de l’Administration Pénitentiaire d’appliquer les nouvelles règles

pénitentiaires européennes est obstruée par le contexte de surpopulation carcérale et par le

développement en parallèle de dispositifs visant à améliorer la sûreté pénitentiaire qui intensifient la réalité de l’enfermement.

Seules des conditions de vie en prison plus humaines, plus dignes, plus respectueuses de la

personne constituent un cadre réellement préventif. Celles-ci passent notamment par un recours réellement en dernier recours à la prison.

Incarcérer une personne dans un établissement en état de surpopulation et qui ne dispose pas de personnels suffisants doit être examiné et assumé à l’aune des risques que cette décision induit.

Or à qui revient cette responsabilité quant on sait que les magistrats sont ligotés dans leurs décisions par une politique pénale de plus en plus répressive qui fait de la prison une réponse centrale ?

La loi du 10 juillet 2007 sur les peines planchers, qui concerne mineurs et majeurs, fonctionne à plein régime notamment par le contrôle assidu exercé sur son application par les procureurs sur instruction du Garde des Sceaux !

Les personnels de l’administration pénitentiaire, accablés par la survenue en chaîne de ces

évènements dramatiques exigent du Ministère de la Justice un examen lucide et objectif de la

situation et de la politique pénale menée.

La recherche systématique d’un bouc émissaire, certes pratique pour détourner la responsabilité sur un professionnel ou sur une pratique, est scandaleuse et n’évitera pas que le pire se reproduise !

SNEPAP-FSU (Syndicat National de l’Ensemble des Personnels de l’Administration Pénitentiaire)