Vers une mise en extinction des RASED ?

L’action des RASED n’a plus été évaluée depuis 1996 (cf. Rapport de

l’IGEN de 1997). De même, aucune évaluation officielle de l’impact des

PPRE sur l’efficience scolaire des élèves en difficulté n’a été

entreprise à l’échelon national.

Pourtant, comme une conséquence de la mise en place de l’aide

personnalisée dans les écoles, on apprend au cours de la présentation du projet de budget 2009 ce qui pourrait être l’annonce de la mise en

extinction des RASED avec la suppression d’un premier contingent de 3000 postes de maîtres E et de maîtres G.

On remarquera que cette décision unilatérale et soudaine n’a pas encore été explicitée ouvertement à l’échelon ministériel, si ce n’est par le directeur de cabinet du ministre qui présentait sobrement le projet de

budget.

Cette présentation succincte laisse envisager que l’on reviendrait à la

création de CLAD (classes d’adaptation) financée par le non-renouvellement de départs en retraite de maîtres non spécialisés.

Mais rien n’est encore sûr dans ce sens.

Si cela était confirmé, cela s’intégrerait dans une tendance à dégager

le traitement de la difficulté scolaire hors de la classe. C’est déjà le

cas avec l’aide personnalisée qui, en plus, se voit conditionnée par

l’accord des parents, contribuant encore une fois à ce que l’institution

scolaire surresponsabilise les familles les plus fragiles.

Au final, le SNPI-fsu déplore cette mesure. L’action du RASED n’a rien

d’incompatible avec l’aide personnalisée mise en place par les maîtres

ordinaires. En revanche, sa suppression fait perdre à l’école une

ressource pédagogique stratégique au niveau des territoires. Il apparaît

que cette décision qui concourt à la baisse de qualité du service public

d’éducation procède de la même double logique inspirant toutes les

réformes engagées : diminution du nombre des agents de la fonction

publique et suppression des emplois vecteurs de lien social

professionnel au-delà de l’unité établissement scolaire.

Le bureau du SNPI-fsu

Manœuvres sur le champ des remplacements

Le SNPI-fsu a appris par ses adhérents que le ministère a commandité un cabinet privé pour effectuer un audit sur une cinquantaine de

circonscriptions du premier degré. Il s’agirait d’envisager

l’utilisation d’emplois de vacataires en vue d’assurer les remplacements

dans les écoles primaires.

Encore une fois, cette mesure s’inscrit dans la dynamique d’affaiblissement de la qualité du service public d’éducation. À

l’instar de ce qui se passe pour les emplois des RASED, les choix opérés

engagent la suppression de postes statutaires et la disparition d’emplois qui contribuent à instaurer du lien social professionnel au-delà de l’unité établissement scolaire. Ce faisant, il s’agit aussi de faire adopter au service public le modèle de gestion du secteur privé.

Le SNPI-fsu estime qu’il y a là une procédure problématique au regard

des attentes de la Nation en matière de qualité et de continuité du service public de l’éducation nationale. L’instauration d’un contingent professionnel formé et responsable de titulaires-remplaçants avait

constitué en son temps un progrès notable pour notre système. Détruire ce contingent ou l’affaiblir ne peut évidemment pas contribuer à

l’amélioration du système.

Le bureau du SNPI-fsu

Réforme du recrutement et de la formation des enseignants

Le SNPI-fsu, attaché au respect et à la valorisation des missions statutaires des corps d’inspection de l’Éducation nationale, souhaite que ces missions soient explicitement prises en compte dans le cadre de

la réforme actuelle du recrutement et de la formation des enseignants. En particulier, il insiste sur le respect des missions de recrutement et de formation qui sont au cœur de la profession des corps d’inspection, mais aussi sur la mission d’expertise qui est la caractéristique fondamentale d’une inspection d’État du système scolaire.

D’autre part, dans le cadre de ses mandats, le SNPI-fsu souhaite participer au développement de dispositifs de formation et de

recrutement des enseignants qui contribueront à la démocratisation du

système de formation et à la promotion culturelle et sociale des

catégories de la population les plus modestes.

Conséquemment, le SNPI-fsu aspire à participer au débat national sur

cette réforme.

Considérant le document de travail présenté par le ministre de

l’Éducation nationale et la ministre de l’Enseignement supérieur et de

la Recherche, le SNPI-fsu déplore ne pas en avoir été destinataire au

titre des syndicats concernés. Cette lacune institutionnelle,

injustifiable par rapport à la représentativité légale du SNPI-fsu dans

nos institutions, augure mal du respect de la place des corps d’inspection dans les futurs dispositifs. De plus, la lecture du document n’évoque à aucun moment la place des inspecteurs dans le système, ce qui renforce le malaise de la profession par rapport à ce qui s’annonce comme une réforme majeure.

Le SNPI-fsu souhaite faire prendre en considération les éléments suivants :

• Sur la mastérisation :

"-" Le SNPI-fsu accueille favorablement une élévation du niveau

universitaire de recrutement des futurs enseignants qui contribuera à la

promotion sociale et culturelle des enseignants, tant au niveau de leur

formation intellectuelle qu’au niveau du respect que la société doit

accorder à ses enseignants au regard de leur fonction éminente.

"-" Il regrette néanmoins que cette mastérisation soit abordée uniquement

sur le mode du désengagement de l’État dans la prise en charge de la

formation professionnelle initiale, alors que les évolutions

législatives récentes ont accru l’autonomie fonctionnelle et culturelle

des universités sur le mode du marché économique concurrentiel.

"-" Il demande que l’État assure un cadrage national des formations des

mastères professionnels dans lesquels s’engageront les étudiants

aspirant à l’enseignement, afin de garantir la pérennité d’une Éducation

nationale assurant un service public d’enseignement de même qualité sur tout le territoire.

"-" Il souhaite que le statut de fonctionnaire stagiaire soit accessible

dès l’entrée en mastère 1, afin de donner à cette formation universitaire les qualités d’une formation professionnelle opérationnelle et égale sur tout le territoire, mais aussi afin de permettre aux étudiants issus de familles modestes de devenir des enseignants motivés, riches de leur expérience sociale, dans les meilleures conditions possibles.

• Sur l’articulation entre recrutement et formation :

"-" Le SNPI-fsu déplore que le concours de recrutement se situe en fin de

2nde année de formation alors que l’expérience des IUFM a montré qu’un concours de recrutement intégré dans la formation initiale conduisait les étudiants et les dispositifs de formation à un bachotage sclérosant par rapport aux complexités des réalités du métier d’enseignant. Au contraire, l’expérience des écoles normales, notamment pour la période qui associait sur trois ans l’acquisition d’un DEUG universitaire et un diplôme professionnel de type certificat d’aptitude pédagogique avait montré la pertinence d’un concours de recrutement situé en amont de la formation professionnelle. Cette formation peut alors devenir une formation professionnelle à part entière, nourrie par la richesse culturelle universitaire, ayant vocation à être sanctionnée par un mastère professionnel.

"-" L’investissement de la nation dans la formation de ses enseignants

doit être considéré comme un acte positif et enrichissant pour l’avenir

collectif du pays, et non comme une dépense stérile qu’il faut dénoncer

sur un mode d’analyse strictement comptable.

"-" Le statut de fonctionnaire stagiaire, à l’issue d’un concours de

recrutement, susceptible de se voir consolidé en statut de fonctionnaire

titulaire après contrôle des compétences professionnelles initiales,

présente une efficacité nettement supérieure au dispositif des bourses

au mérite envisagé pour contribuer à l’accès des étudiants méritants des classes sociales modestes aux professions enseignantes. Deux siècles d’expérience en ont fait la démonstration évidente.

"-" Si le SNPI-fsu estime que l’État doit considérer avec respect et

décence les personnels contractuels qu’il a mobilisés pour faire face à

ses défaillances de gestion des personnels, il dénonce toute dynamique

politique qui aboutirait à développer la substitution des personnels

contractuels aux fonctionnaires sous statut d’État. Or, plusieurs

analystes ont déjà signalé que la mastérisation actuellement envisagée

risque fort de ne pas permettre de recruter tous les enseignants publics

titulaires dont la nation aura besoin dans les prochaines années. Dès

lors, on peut redouter, compte tenu des discours récurrents des responsables politiques actuellement en place sur la nécessité de diminuer de manière drastique les effectifs des fonctionnaires, que soit

imposé de fait un recours massif aux contractuels non formés. Il s’agirait alors d’aligner dans les faits l’éducation nationale sur le modèle de l’enseignement privé comme le souhaitent publiquement quelques

idéologues proches du pouvoir. Le SNPI-fsu récuse et dénonce toute

entreprise de ce type, au nom des principes fondamentaux de la

République qui s’est construite sur un système d’instruction publique

national, gratuit, laïque et universel sur tout le territoire.

• Sur la formation :

"-" Le SNPI-fsu constate que le cadrage national envisagé pour les

formations se limite structurellement à deux éléments :

• Une préprofessionnalisation qui ne peut s’appuyer au mieux que sur des stages d’observation ou de pratique accompagnée.

• Un cahier des charges national limité à une maquette de concours de

recrutement.

"-" En outre, il constate que la maquette des concours n’est pas encore

fixée alors que l’agenda des opérations force les universités à élaborer

dans des délais déraisonnables des maquettes de mastères, dans une

dynamique de concurrence économique qui contraint la réflexion des

décideurs plus qu’elle ne la stimule et l’enrichit.

"-" Il constate également que la procédure en cours fait peu de cas des

IUFM, notamment de leurs antennes départementales dont on connaît le rôle fondamental pour irriguer tous les territoires ruraux. Mais

surtout, cette procédure ignore sans vergogne les corps d’inspection qui

ne sont ni évoqués ni sollicités par les décideurs des universités.

"-" Ces restrictions et ces contraintes ne constituent pas des facteurs

positifs pour l’élaboration d’une réforme dont les conséquences seront

capitales pour l’avenir de la nation.

"-" En conséquence, le SNPI-fsu, appelle les ministères concernés à plus

de mesure sur le calendrier des opérations et à accorder plus de

considération pour les deux outils opérationnels de la formation des

enseignants que sont les IUFM et les corps d’inspection.

En particulier, le SNPI-fsu considère qu’une formation professionnelle

consistante et efficace nécessite que soit pleinement intégrée la

connaissance du système éducatif. Experts de ce système, les inspecteurs des corps d’inspection ont pleine et entière légitimité pour apporter leur contribution dans les futurs mastères. Leur contribution doit être systématique, et non occasionnelle, selon l’initiative des unités

universitaires. Cette participation doit être encadrée dans une procédure et un dispositif nationaux associant le ministre de l’Éducation nationale (ministre de tutelle) et le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.