Des choix gouvernementaux contestables ou négatifs.

Face aux dramatiques attentats du 13 novembre, le gouvernement a fait le choix d’instaurer l’état d’urgence puis de le prolonger. Il renforce encore les pouvoirs de l’exécutif au détriment du pouvoir judiciaire. Cette situation d’exception ne saurait être prorogée, encore moins constitutionnalisée. La proposition d’introduire une possibilité de déchéance de nationalité est une concession dangereuse aux forces conservatrices et réactionnaires. C’est une vieille idée du FN. D’une part, cela ne permettra pas de répondre au problème. D’autre part, et c’est bien plus grave, cela amène à accepter l’idée d’une nationalité qui se mérite et qu’on pourrait retirer à tout moment et à créer une inégalité de fait entre les citoyens . C’est inacceptable. La FSU demande au gouvernement de revenir sur cette proposition et aux parlementaires de refuser de l’avaliser.La FSU refuse également le nouveau projet de loi renforçant la lutte contre la criminalité organisée et son financement, l’efficacité et les garanties de la procédure pénale car il comporte de nombreuses mesures qui vont dans le sens d’une banalisation des dispositifs d’exception:pouvoirs exorbitants donnés aux préfets et à la police, dérogation au droit et risque d’arbitraire.

Dans le domaine économique, les choix gouvernementaux non seulement ne constituent pas des réponses adaptées à l’ampleur de la crise mais contribuent même à l’accroître.

Appliquant de manière zélée les directives de Bruxelles, le gouvernement poursuit une politique libérale , postule (avec le patronat) que le coût du travail est trop élevé et multiplie les cadeaux aux entreprises notamment par des exonérations de cotisations sociales fragilisant du même coup les différentes branches de la Sécurité Sociale , le plafonnement des indemnités aux Prud’hommes et la remise en cause du Code du Travail.

Le résultat est connu : maintien d’un chômage de masse, stigmatisation des chômeurs, situation aggravée par une réforme de pôle emploi qui limite l’accueil des demandeurs d’emplois et, en même temps, dégrade les conditions de travail des salariés du service public de l’emploi.

Sur les services publics, le gouvernement modifie profondément les modalités de l’action publique. Il mène de front et à marche forcée une réforme des collectivités territoriales aberrante et contraire à l’intérêt des populations. Cette nouvelle décentralisation continue à démanteler l’Etat-Nation alors même qu’aucun bilan n’a été fait des décentralisations antérieures.
En recherchant en outre avant tout une baisse de l’emploi dans les 3 versants de la fonction publique, il fragilise les services publics dégradant les services rendus à la population et les conditions de travail des agents. Dans le même temps, les fonctionnaires ne cessent de perdre du pouvoir d’achat.

Dans le domaine éducatif, la création d’emplois, loin de compenser les suppressions antérieures, ne signifie pas une amélioration sur le terrain. Non pourvus, en raison d’une baisse d’attractivité des métiers de l’éducation, ces emplois sont de plus insuffisants pour compenser l’augmentation des effectifs, pour assurer une formation des enseignants digne de ce nom et les remplacements nécessaires. Cela entraîne un recours massifs à l’emploi précaire.

La politique éducative menée ne va pas non plus dans le bon sens. La réforme des collèges doit être abrogée et les décrets réécrits. Les plans de formation -formatage -dont une partie hors temps de service-visant uniquement à forcer les personnels à se soumettre à cette réforme contestée et à augmenter leur charge de travail ne sont pas acceptables. La FSU appelle à s’y opposer. Les nécessaires réformes doivent en effet être élaborées en s’appuyant sur l’expertise des personnels-et non en méprisant ces derniers- et en consacrant l’effort budgétaire nécessaire à leur mise en œuvre.

La volonté de territorialiser l’action éducative,notamment dans le 1er degré- pose quant à elle problème car elle va à l’encontre du principe d’égalité sur le territoire national.

En ce qui concerne le défi climatique, l’engagement pris par les États n’est pas à la hauteur de l’urgence climatique et devra rapidement être revu. Un autre mode de développement respectueux de l’environnement et des conditions sociales des salariés est nécessaire. Relever ce défi doit être le levier pour développer une économie de proximité, à l’écoute des acteurs de terrain.

En ce qui concerne les réfugiés et les sans papiers,la politique gouvernementale est dans le droit fil de la précédente mandature:stigmatisation de l’Etranger, suspecté de tous les maux, refus de mettre en place un accueil des réfugiés proportionnel à la richesse du pays, abandon et même harcèlement des réfugiés de Calais , Norrent- Fontes ou ailleurs, pressions sur les bénévoles et soutiens… Dans le Pas-de-Calais, la FSU, partie prenante de RESF, va interpeler le Conseil Départemental concernant un accord avec la Préfecture mettant gravement en difficulté les jeunes majeurs étrangers qui sont dans l’incapacité de présenter un passeport lors de leur régularisation , alors même qu’ils ont été et/ou sont pris en charge par l’ASE.La FSU mettra tout en oeuvre pour construire une action collective visant à rétablir les Mineurs Isolés Etrangers et les jeunes majeurs dans leurs droits et à créer les conditions d’une intégration sereine.

Pour une FSU offensive.

Dans ses interventions, la FSU doit promouvoir des alternatives, en opposition aux modèles fondés sur l’autonomie et la concurrence.
La FSU 62 s’engagera dans toute démarche unitaire contre la déchéance de nationalité, contre la prolongation de l’état d’urgence et sa constitutionnalisation.

La FSU 62 appelle les personnels à s’engager massivement dans la grève du 26 janvier contre la réforme du collège d’une part, pour l’emploi et les salaires dans les 3 fonctions publiques d’autre part.

Ces actions ne doivent pas rester sans lendemain et s’inscrire dans un plan d’actions-qui n’ exclut aucune modalité- capable de créer le rapport de force suffisant pour infléchir l’action gouvernementale actuelle et à venir.

Criminalisation de l’action syndicale :

Force est de constater que dans ce domaine non plus, la situation ne s’améliore pas bien au contraire. La récente condamnation des 8 syndicalistes de Goodyear montre à quel point l’amalgame est fait entre lutte syndicale et délinquance. Cette condamnation à de la prison ferme (pour la première fois depuis des décennies) est inacceptable. La FSU 59 appelle à signer massivement la pétition initiée par la CGT Amiens et qui a déjà recueilli plus de 100 000 signatures.

De manière plus générale, le syndicalisme n’est plus considéré comme un des piliers de la République comme le montre, par exemple, l’attitude de la mairie de Lille par rapport à la Bourse du Travail. La mairie prétend faire payer aux syndicats un loyer conséquent et cela en contradiction avec les engagements pris lors de notre déménagement à la Bourse du Travail.

Avec les sept autres organisations syndicales, les FSU 59 et 62 interpellent la mairie de Lille afin de continuer à jouir de la Bourse du Travail gratuitement comme cela se fait depuis la création en 1896.