Communiqué de presse du SNETAP
Dans près de la moitié des lycées agricoles publics : des conseils de classe sans notes !
L’enseignement agricole public sacrifié
Dans un récent rapport commandé par le ministre de l’Agriculture, une sénatrice de la majorité qui pilotait le groupe d’experts indépendants mandatés, en vient à poser la question suivante concernant l’état et l’avenir de l’enseignement agricole : « A ce rythme pour passer dans l’enveloppe annuelle, jusqu’où faudra-t-il réduire l’activité ? En bonne logique, jusqu’à la fermeture de la dernière classe du dernier établissement » (Rapport « L’enseignement agricole à la croisée des chemins », Françoise FERRAT Sénateur, juillet 2008).
Réponse du Ministre de l’Agriculture, Michel BARNIER : une nouvelle baisse moyenne d’environ 2% de la Dotation Globale Horaire des lycées publics pour les 4 années à venir, suppression massive d’emplois publics oblige, et cela quelles que puissent en être les conséquences sur l’outil de formation public, les élèves et leurs familles !
Ainsi, après les réductions horaires décidées en 2005 et les nombreuses dégradations subies par l’Enseignement Agricole Public depuis (plafonnement des recrutements, rejet de redoublants, options d’enseignement supprimées, dédoublements non assurés…), un certain nombre d’établissements ne se remettra pas de cette nouvelle révision à la baisse de l’offre de formation.
Fermetures massives de classes (15 en PACA, 9 en Lorraine…), regroupements d’établissements d’enseignement, fermetures de sites, et cela au mépris des besoins des territoires ruraux (premières annonces avec Champignelles et Semur-en-Auxois en Bourgogne, ou Vailly dans le Centre…), mixité des publics (mélange dans une même classe d’élèves et d’apprentis…), parcours combinés, interrégionaux le cas échéant, voire public-privé, la poursuite de la formation dans le même établissement ne pouvant plus être garantie… telles sont les orientations « innovantes » du Ministre proposées aux personnels, comme aux usagers de l’Enseignement Agricole Public.
Sans compter qu’à ces premières annonces vont s’ajouter dans les conséquences néfastes de la réforme de la voie professionnelle (avec la disparition d’une année sur les 4 au mépris des difficultés que la majorité de nos élèves éprouve, sans compter les fermetures sèches dès 2009 sous couvert de révision de la carte des formations) et de la réforme du lycée (perte de l’ensemble des options facultatives à court terme, incertitudes sur le maintien de la filière générale en lycée agricole à moyen terme).
Un budget pour trois ans et un ministère en rupture de paiement : la responsabilité des parlementaires…
Les enseignants contractuels recrutés à cette rentrée sont sans salaire depuis 3 mois maintenant, sachant qu’ils sont par ailleurs toujours en attente de leurs contrats de travail : un vrai scandale ! Du côté des Assistants d’Éducation, la situation n’est guère plus enviable dans un certain nombre de régions, leur rémunération n’étant plus assurée pour le dernier mois de l’année civile, comme en Pays de Loire où l’autorité académique fait état d’un manque d’environ 120 000 euros pour boucler son exercice budgétaire…
Dans ce contexte penser pouvoir remplacer les collègues absents dans des services administratifs et d’accueil déjà exsangues, du fait de la suppression d’un nombre massif de postes, relève d’une pure vision de l’esprit ! Ces services sont ainsi au bord de la rupture dans un nombre croissant de lycées…
Toutes ces raisons, ont conduit les personnels des établissements de l’Enseignement Agricole Public à se mobiliser pour alerter les parlementaires qui doivent débattre en toute connaissance de cause du budget pluriannuel 2009-2011 : c’est bien l’avenir de l’Enseignement Agricole Public qui est en jeu !
Des personnels chaque jour plus nombreux… et soutenus par les parents d’élèves !
Faute d’être entendus par leur Ministre de tutelle, les personnels ont été amenés à prendre la décision de procéder à la rétention administrative des notes. Dans près de la moitié des lycées agricoles publics, les notes ne sont plus transmises à l’administration, voire aux élèves.
Cette rétention des notes vise à peser sur le ministère de l’Agriculture et à alerter les parlementaires, mais en aucune manière à pénaliser les élèves. Les personnels tiennent en effet à affirmer que les enseignants sont attachés à la réussite de leurs élèves et qu’ils ne manqueront pas à leurs obligations d’évaluation (les contrôles sont maintenus mais dans la plupart de cas des lettres remplacent les notes), des appréciations écrites et orales sur les résultats de leur travail sont très régulièrement données, comme tout professeur le fait habituellement.
Aujourd’hui dans plus de 80 lycées sur 200*, les conseils de classe du premier trimestre se déroulent sans note ! Et ce mouvement de grève administrative continue de prendre de l’ampleur, avec de nouveaux lycées qui entrent chaque jour dans l’action…
Réaction des parents d’élèves : dans leur grande majorité, ils manifestent leur soutien à cette action notamment par le biais d’une pétition des usagers de l’Enseignement Agricole Public visant à alerter les parlementaires, et à interpeller directement le Ministère de l’Agriculture, pour que soient enfin donnés au service public de l’enseignement agricole les moyens dont il a besoin !
Un silence du Ministre qui en dit long…
Pour l’heure, et même si de premières pressions commencent à s’exercer localement sur les équipes enseignantes engagées dans l’action, le Ministère a choisi d’ignorer sciemment le mouvement, espérant sans doute qu’il se dégonfle de lui-même à l’approche des conseils de classe du premier trimestre…
Aujourd’hui, c’est clairement l’Administration centrale qui porte à nos yeux la responsabilité du durcissement de l’action de personnels déterminés et qui ne reculeront pas !
Les personnels ont décidé d’un Rassemblement unitaire des lycées en lutte Mercredi 26 novembre 2008, de 10h à 16h30, à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort, en vue de réaffirmer ensemble leurs revendications et décider des suites à donner à leur mouvement.
Une invitation au Directeur Général de l’Enseignement et de la Recherche a été lancée, afin qu’une première explication ait lieu entre les personnels en colère et une administration dans le déni jusqu’alors… Précisons que pour l’heure, il réserve toujours sa réponse. Il est pourtant plus que temps que l’État et ses représentants assument des choix politiques lourds de conséquences pour le système public d’enseignement et de formation agricole, et cela devant ses personnels et ses usagers !