Déclaration FSU au CDEN « rythmes scolaires » du 14 février 2014

Avant de faire l’analyse des conditions de la généralisation de la réforme des rythmes scolaires, pour la FSU, nous ne pouvons passer sous silence les attaques sans précédent formulées ces derniers jours concernant l’avancement des fonctionnaires.

Ceux-ci, y compris ceux de l’Education Nationale voient leur point d’indice gelé depuis 2010 et au moins jusque 2017 d’après les déclaration de la ministre de la Fonction Publique, ce qui se traduit par une baisse très concrète du pouvoir d’achat, alors même que les conditions de travail se dégradent de façon continue, ce pour des raisons multiples. La perspective du gel de l ‘avancement est pour la FSU est un casus belli.

Nous tenons également à ajouter qu’il y a une contradiction forte de la part du gouvernement entre sa prétendue volonté à défendre le modèle social français et ces attaques contre l’un de leurs piliers les plus importants que sont les Services Publics et les agents qui les servent.

Quant à la rentrée 2014, elle s’annonce d’ores et déjà très difficile dans le premier degré aussi.

Entre la carte scolaire et les rythmes, il va sans dire que les conditions de travail des personnels vont s’aggraver et que les conditions d’apprentissage des élèves, et donc, leur réussite vont être mises à mal.

La question de la réduction des effectifs, actuellement trop lourds, mériterait plus d’attention alors que la question des rythmes scolaires, pourtant loin d’être prioritaire sur le terrain, parasite tous les autres débats et jette le trouble dans les écoles.

Or l’enjeu fondamental pour notre école est bien la réussite de tous nos élèves. Il n’est pas tolérable que les inégalités s’accroissent et qu’on mette en place une réforme qui désengage l’Etat et creuse davantage ces inégalités.

La FSU dénonce cette réforme qui n’allège en rien la journée de l’enfant et ne contribue pas à leur réussite.

La FSU réitère d’ailleurs sa demande d’une étude institutionnelle sérieuse et indépendante sur l’accroissement de la fatigue des enfants.

La multiplicité des organisations des rythmes sur le département a d’importantes conséquences en termes de gestion et de droit des personnels.

Les modalités concernant notamment les temps partiels, les décharges de direction, les remplaçants… montrent à quel point les services administratifs sont contraints ainsi aux plus grandes « contorsions » pour faire respecter les droits des personnels.
Le droit de travailler à temps partiel va être malmené et le projet d’annualisation des obligations de service des remplaçants constitue une atteinte et une remise en cause inadmissible de leur statut.

En outre, les organisations dans les communes du département. montrent que ce sont bien les contraintes budgétaires, humaines et matérielles qui priment sur les organisations et l’intérêt de l’enfant.
Nous rejetons donc cette réforme parce qu’elle creuse les inégalités sur le territoire, parce qu’elle n’est pas financée et qu’elle s’inscrit dans la continuité d’un désengagement de l’Etat.

La FSU ,n’acceptera par ailleurs pas dans le cadre de la politique de décentralisation de transfert des missions de l’Éducation Nationale aux collectivités territoriales.

Le contre-rapport national, établi suite à une enquête réalisée auprès des enseignants pratiquant les nouveaux rythmes depuis septembre 2013 et auprès des écoles passant aux rythmes à la rentrée 2014 et présenté par le snuipp-FSU le 12 février dernier, lors du comité de suivi ministériel confirme toutes ces analyses.

Il démontre que pour les personnels passés aux rythmes en 2013 , la grande majorité a le sentiment de subir une réforme à marches forcées, parmi lesquels les 60 % des enseignants dont l’avis du conseil d’école n’a pas été suivi.

En outre, 22,5 % des écoles ne connaissent meme pas le projet à la date d’aujourd’hui.

75 % des enseignants déjà aux 4 jours et demi estiment que leurs conditions de travail se sont dégradées, ainsi que les conditions de leur vie personnelle (trajets et frais de garde supplémentaires par exemple…)

L’amélioration des apprentissages des élèves n’est pas non plus au rendez-vous puisque les questions de programmes, d’ effectifs, de Rased, de formation continue…. ne sont toujours pas traitées sérieusement.

Au final, le sentiment de gâchis prédomine. Cette réforme agit comme un levier de découragement là où au contraire notre profession a besoin d’une reconnaissance mobilisatrice.

De plus, de nombreuses questions demeurent sans réponse :

Comment penser le rythme de l’élève sans prendre en compte le rythme de l’enfant dans toutes ses formes notamment familiales, …) ? Faut il penser les rythmes de la maternelle de la même façon que les rythmes de l’élémentaire ? Comment respecter mieux les rythmes de l’enfant ?

Comment peut-on parler de complémentarité des temps de l’enfant tout en acceptant tant d’inégalités entre les communes (des activités périscolaires ici, de la garderie ailleurs, des intervenants qualifiés ici, des personnels non formés ailleurs, des référents école ici, rien ailleurs, l’absence de locaux, d’infrastructure sportive…) ?

Comment croire que cette réforme sera mise en place de façon équitable sur tout le territoire quand elle n’est pas financée de manière pérenne et quand l’Etat se désengage en laissant la charge sur les communes ou les collectivités qui ont déjà énormément de difficultés pour financer les fournitures courantes, le passage au numérique ou les sorties éducatives ?

Comment penser que cette réforme est équitable alors que les écoles privées ne sont pas soumises aux mêmes textes et que nombreuses sont celles qui ne passeront pas au 4 jours et demi tandis que beaucoup de celles qui y sont passées cette année reviendront au 4 jours en 2014. Nous constatons d’ailleurs déjà sur le terrain, des radiations pour le privé ainsi que des visites d’écoles de parents qui en ont les moyens en prévision de l’an prochain. Nous demandons d’ailleurs à connaître les chiffres officiels de la mise en place de la réforme dans les écoles privées.

Pour toutes ces raisons,la FSU continue à exiger la suspension immédiate de la réforme des rythmes et l’écriture d’un nouveau décret sur l’organisation du temps scolaire, conforme aux besoins pédagogiques des élèves et dans le respect des familles et des conditions de travail des enseignants.


Elle dénonce par ailleurs l’attitude du ministre qui refuse d’entendre les revendications des personnels quand par ailleurs il cède aux demandes du lobby du tourisme en aggravant les déséquilibres autour des vacances d’hiver et de printemps, notamment sur le calendrier 2016/2017.