De nouvelles attaques contre les travailleurs sociaux !

Les lilas, le 3 Octobre 2009

Les propositions de M. FILLON, Premier Ministre, lors du comité interministériel de Prévention de la délinquance, à la Garenne, suscitent notre colère et notre indignation.

Dans une société en pleine crise économique dont les jeunes sont les premières victimes, et qui produit leur exclusion et leur précarité, le plan de prévention de la délinquance n’est qu’un chapelet de dispositions entièrement dévolues au contrôle social et à la surveillance généralisée : vidéosurveillance, sanctuarisation des établissements scolaires, et délation.

Nulle part il n’est question de mettre au centre des politiques publiques, le travail éducatif et l’accompagnement social qui permettrait aux jeunes de trouver des réponses à leurs problèmes d’exclusion, et faciliter leur insertion scolaire et sociale.

Les services sociaux et éducatifs ne sont évoqués par le Premier Ministre que sur la question du secret professionnel, pour annoncer que celui-ci deviendrait partagé, et donc inexistant. En effet, lorsqu’on prétend instaurer la circulation du secret professionnel entre le Maire, les travailleurs sociaux, les enseignants et les forces de l’ordre, autant dire que dans une commune, plus rien n’est secret concernant la vie des enfants en difficulté et celle de leur famille.

En sous entendant dans son discours que le secret professionnel des assistants sociaux et éducateurs est responsable de l’échec de la loi de 2007, il nie le travail accomplit par les professionnels de la prévention, qui cherchent par leur action, à insérer socialement, scolairement, les jeunes, alors que les moyens des politiques publiques de prévention, dans son sens large, sont devenus dérisoires, voire inexistants.

Depuis plusieurs années, le SNUASFP-FSU alerte l’opinion sur les atteintes aux droits de l’enfant et de la famille que contenaient les différents projets de loi sécuritaires qui se sont succédés et sur les dérives de la politisation du traitement de la délinquance.

Nous avons dénoncé l’instrumentalisation du travail social dans la loi de mars 2007, qui plaçait les maires des communes au centre du dispositif, bien souvent contre leur gré, et leur accordait des pouvoirs de sanctions en lieu et place d’un magistrat indépendant. Les travailleurs sociaux et les enseignants ne peuvent devenir des auxiliaires de police en rapportant des informations sur les jeunes.

Après la suppression du défenseur des enfants (on est un enfant jusqu’à 18 ans), les attaques contre les éducateurs qui seraient complices des délinquants, l’annonce le 2 0ctobre de la mort du secret professionnel, confirme toutes nos craintes sur la pénalisation des enfants en difficultés et sur une orientation tout-sécuritaire.

Il ne s’agit pas de s’attaquer aux causes de la délinquance en faisant le pari de l’éducatif, car cela signifierait de renoncer à la saignée des services publiques, mais de confirmer les choix désastreux de la pénalisation et l’incarcération des mineurs délinquants, choix rejeté par l’ensemble des professionnels travaillant sur l’adolescence.

Depuis des années, les travailleurs sociaux assistent au démantèlement des politiques sociales, sanitaires, éducatives, au profit de politiques pénales. Il s’agit pour le gouvernement, de toujours mieux surveiller, de toujours mieux enfermer.

Loin de s’interroger sur les causes sociales et économiques de la délinquance, le énième plan de renforcement proposé ne vise qu’à conforter cette politique de répression et de surveillance.