RETRAITES :
Derrière l’allongement de la durée de cotisation,
une baisse programmée des pensions
La commission de garantie des retraites vient de recommander de porter la durée
de cotisations à 41 annuités d’ici 2012. Après les déclarations du Premier
ministre et en plein conflit sur les « régimes spéciaux », cette
annonce supplémentaire prépare l’opinion à se résigner à un nouvel
allongement de la durée d’assurance.
En s’abritant derrière une règle prétendument objective (le partage des
gains d’une espérance de vie qui s’accroît), en présentant comme inéluctable
cette nouvelle étape de l’allongement de la durée d’assurance, -qui est appelée
à être suivie d’autres étapes-, les pouvoirs publics refusent le débat démocratique
sur les choix de société qui sont face à nous, et masquent celui qu’ils ont
fait.
Les travaux du COR montrent le très faible impact des réformes de 1993 et
2003 sur les comportements réels de départ en retraite. Si les travailleurs
partent en retraite le plus tôt possible, en subissant une perte de pension, ce
n’est pas par irresponsabilité, mais parce que la
réalité sociale et économique leur impose ce « choix » !
Peut-on d’un coup de baguette magique, comme vient
de le faire la commission de garantie des retraites, ignorer la fatigue et la pénibilité
au travail, la stigmatisation des seniors par les employeurs, les inégalités
face au travail et à l’emploi, les carrières courtes des femmes et les effets
ravageurs du chômage et de la précarité, l’insertion plus tardive des jeunes
dans la vie professionnelle parce que le niveau de qualification augmente ?
En réalité les autorités ont fait un choix qu’elles n’osent pas avouer devant
l’opinion publique, celui d’une baisse spectaculaire des taux de remplacement
des pensions, c’est-à-dire du niveau de vie des retraités relatif à celui des
actifs, notamment à travers l’allongement de la durée combiné à la décote.
Ce choix décrédibilise
les régimes par répartition aux yeux des salariés et les incite à se porter
sur les solutions d’épargne personnelle dont ont sait qu’elles sont inégalitaires
et peu fiables sur le long terme.
D’autres choix sont possibles, pour des financements solidaires et pour plus de
justice sociale afin non seulement de contrer de nouvelles régressions mais de
revenir sur celles imposées en 1993 et 2003 : c’est ce qu’il faut débattre à
l’occasion du « rendez-vous » de
2008.
C’est la
condition pour garder confiance dans l’avenir.
Paris le 30 octobre 2007