Le premier ministre vient d’affirmer que la durée de cotisation pour un taux plein serait portée de 40 à 41 ans entre 2009 et 2012.
Cette annonce brutale réduit à néant l’intérêt du rendez-vous de 2008 prévu par la loi, puisque, l’essentiel étant déjà décidé, la négociation est sans objet.
Les travaux du COR montrent que les réformes de 1993 et 2003, dont le principal fondement était d’allonger la durée de cotisation par des pénalisations et incitations financières, n’ont pas modifié les comportements de départ en retraite des assurés : le gouvernement n’en tient
aucun compte !
Dans le secteur privé, l’âge moyen de départ a même diminué, notamment sous l’effet des mesures prises pour les carrières longues, dont le succès témoigne des aspirations profondes des salariés. Une récente étude de la CNAV montre que « les assurés en majorité attendent la retraite avec impatience », et que de nombreux facteurs interviennent dans la décision de prendre sa retraite. Seule une minorité de salariés est encore en emploi à l’âge de la retraite, les employeurs n’ont pas changé dans leur politique d’exclure les seniors de l’emploi.
L’impact des contraintes familiales, de la fatigue au travail, de la santé est superbement ignoré.
La question de la pénibilité n’est pas réellement prise au sérieux et le « travailler plus pour gagner plus » risque bien d’aggraver encore les choses. Ce déni de la réalité commence à provoquer un sentiment de colère chez les salariés. Ne pas traiter au fond les aspirations sociales, les questions du travail et de l’emploi, ni celles du financement, revient à avouer que l’objectif n’est pas tant l’allongement de durée de cotisation que la baisse des pensions. Le gouvernement doit alors assumer devant l’opinion cette position.
Le premier ministre vient donc brutalement d’envoyer un signal clair à la société française : pour assurer ses vieux jours, mieux vaut être riche, avoir un patrimoine et un travail gratifiant et bien rémunéré que de faire confiance aux régimes par répartition. En entretenant le catastrophisme (l’Etat « en faillite »), le premier ministre alimente le pessimisme et prend la responsabilité de provoquer de nouveaux départs anticipés. Non sans une certaine démagogie, il prétend se soucier des petites retraites, alors que les réformes Balladur et Fillon sont de véritables machines à fabriquer des petites retraites, pénalisant les carrières courtes, le chômage et la précarité. Les femmes en sont les premières victimes.
La FSU estime que la démocratie exige un véritable débat public sur les retraites à la fois sur le bilan de la réforme et sur les mesures à prendre ; elle confirme sa proposition aux autres organisations syndicales d’une initiative publique là- dessus. Elle fera tout pour construire les initiatives les plus larges sur cette question.
D’autres choix sont possibles !