La mise en œuvre du projet de loi « pour le développement de l’alternance et la sécurisation des parcours professionnels » risque de mener bien des adolescents à des désillusions
Ouvrir des « sections études-métiers » dans les collèges en 4ème et 3ème, marquant la volonté d’un retour à un palier d’orientation en fin de 5ème, permettre l’apprentissage dès l’âge de 14 ans, telle sont deux des propositions du projet de loi « pour le développement de l’alternance et la sécurisation des parcours professionnels » en discussion à l’assemblée nationale. Les députés UMP Cherpion, Perrut, Taugourdeau à l’initiative de ce texte cherchent à ouvrir les possibilités d’apprentissage, à travers les DIMA (Dispositif d’Initiation aux Métiers en Alternance) mais également par la possibilité de signer un contrat de travail, dès l’âge de 14 ans.
Ainsi la majorité porterait encore un coup à la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans. Le 20ème siècle a vu cette obligation portée de 13 à 16 ans, la proposition irait à l’encontre du sens de l’histoire, alors qu’il faudrait à l’inverse porter l’obligation de scolarité à 18 ans.
Les députés de la majorité refusent de comprendre que :
les entreprises ne sont pas en capacité de former de jeunes collégiens et ainsi de se substituer à la formation professionnelle initiale publique,
que l’éviction précoce des jeunes du système scolaire est une fausse réponse à la question des sorties sans qualification.
que ces adolescents sont trop jeunes pour être confrontés au monde du travail, et
qu’ils ont besoin d’une formation et d’une éducation forte et ambitieuse bien au-delà de 16 ans pour pouvoir prendre plus tard dans la société toute leur place de citoyen et de travailleur.
De plus, il est assez paradoxal de proposer une modification de loi permettant aux jeunes d’aller en CFA sans contrat d’apprentissage au même moment où le gouvernement continue à démanteler l’enseignement professionnel public qui accueille ces jeunes sous statut scolaire dans des formations diplômantes.
En cherchant à transférer une partie de la responsabilité de l’Éducation Nationale vers l’apprentissage, l’État en fait se décharge du financement de la formation d’une partie de jeunes vers les régions : il réalise des économies budgétaires sur le dos de la jeunesse.
La FSU rappelle que pour les collégiens sortant de classe de 3ème, les parcours passant par les lycées de l’Education nationale et de l’Agriculture sont bien plus « sécurisés » que ceux passant par l’apprentissage. La mise en œuvre de ce projet de loi risque de mener bien des adolescents à des désillusions.
La FSU, dans ses champs de responsabilité, s’opposera à ces projets rétrogrades pour les jeunes et pour l’avenir économique et social. Elle demande au gouvernement de redonner les moyens au service public d’éducation afin de faire réussir tous les jeunes
Communiqué FSU, Les Lilas, le 21 Juin 2011