Le CPRDFOP doit répondre aux besoins en formation des jeunes, des salariés et de ceux qui en sont exclus. Si ce contrat doit prendre en compte les besoins des entreprises, il ne doit pas négliger l’ensemble des besoins sociaux et sociétaux de la région, y compris ceux refusés par le marché. Le contrat proposé met en valeur l’employabilité des jeunes et des salariés pour répondre aux besoins à court terme des entreprises. Pour la FSU, le retour à l’emploi passe par des formations diplômantes et qualifiantes, gage d’une évolution choisie du salarié au cours de sa carrière professionnelle. L’adéquationnisme est un leurre qui risque d’enfermer et de condamner les salariés au sous-emploi et à la précarité économique et sociale.

Dans cette logique adéquationniste, l’orientation est vue comme le levier permettant d’inciter les jeunes à se diriger vers les métiers en tension, alors que pour la FSU et comme le précise la loi, l’orientation ne relève pas des mêmes compétences selon les publics pris en charge. Elle doit placer le jeune ou le salarié au cœur de son projet, en visant son émancipation et son adaptabilité dans sa vie future. C’est pourquoi la FSU est opposée aux velléités de la région de s’accaparer l’orientation scolaire, qui est du ressort de l’Education nationale et qui ne doit pas être sous influence.

De plus, le plan proposé met en avant l’apprentissage qui serait la solution à l’emploi des jeunes. Au-delà de son coût élevé par rapport à la formation initiale sous statut scolaire (en moyenne 17000€ par an pour un apprenti pour 12000€ pour un élève en formation professionnelle sous statut scolaire), l’apprentissage est socialement injuste. Il reproduit les inégalités sociales : les jeunes filles et les garçons d’origine non européenne en sont le plus souvent exclus et ce sont d’abord les jeunes bénéficiant d’un réseau de relations familiales ou professionnelles qui ont accès à l’apprentissage. En dépit des nombreuses incitations financières (3000€ de subventions régionales en plus des aides de l’Etat), le nombre d »apprentis n’a pas atteint les objectifs que s’étaient fixés l’Etat et la région et les avantages de l’apprentissage en terme d’insertion dans l’emploi sont en partie, justifiés par le choix des apprentis lors de la signature du contrat.

Pour la FSU, l’apprentissage n’est légitime que dans le cas où il apporte une véritable valeur ajoutée par rapport aux autres dispositifs. L’insertion des jeunes passe d’abord par une formation initiale professionnelle sous statut scolaire de qualité au sein de l’Education nationale, cela suppose que les moyens nécessaires à la réussite de tous les élèves lui soient donnés.

La FSU estime donc que ce CPRDFOP n’est pas à la hauteur de la crise subie par notre région Hauts de France, qu’il ne donnera pas du sens aux études et qu’il ne permettra pas aux nombreux délaissés de retrouver une place au sein de notre société.

Thierry Quétu

Secrétaire régional FSU Hauts de France

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