Communiqué de presse de l’intersyndicale éducation de l’académie de Lille

Le Président de la République , qui a énoncé les grands axes de sa politique éducative, à la fois libérale et autoritaire, affiche à présent sa volonté de la mettre en œuvre sans attendre. Qu’il s’agisse de remise en cause du droit de grève dans les services publics, d’autonomie et de concurrence dans l’enseignement supérieur et l’ensemble de l’éducation ou de la suppression de la carte scolaire, cette politique est marquée par une logique de flexibilisation de l’emploi, d’affaiblissement de l’Etat et de renforcement des inégalités.

L’intersyndicale éducation dénonce le recours systématique aux emplois précaires pour répondre aux besoins ; elle réaffirme son exigence de recruter des personnels statutaires formés et qualifiés pour assurer les missions de service public. La prise en compte des difficultés sociales de l’académie doit se traduire par une réelle volonté de mettre les moyens partout où ils font défaut. Cela passe par la création de postes :

d’enseignants

d’administratifs

d’assistants sociaux

de médecins et d’infirmières

de personnels TOS

L’abrogation de la totalité du décret De Robien a été annoncée mais il reste à obtenir le rétablissement des emplois supprimés, au lieu des heures supplémentaires débloquées. Ainsi, dans l’Académie de Lille, l’intersyndicale dénonce l’attitude du rectorat de Lille qui refuse de restituer les postes supprimés (215 en 2006-2007) en ne prévoyant qu’un quota d’heures supplémentaires complété par quelques moyens provisoires.

Le passage en force se confirme dans la réforme des universités sans qu’aucun collectif budgétaire ne soit annoncé pour la rentrée. Le calendrier imposé ne permet ni un débat sur les contenus et les priorités d’une réforme de l’université, ni une véritable négociation avec la communauté universitaire et les organisations syndicales. Cette loi ouvre la porte au désengagement de l’Etat, à la remise en cause des missions des organismes nationaux de recherche publique et à l’instauration de formes de sélection tout au long du cursus universitaire. Loin de représenter une amélioration de la démocratie, la prétendue « autonomie » renforcée risque de remettre en cause le statut des personnels et de démanteler le service public d’enseignement supérieur et de recherche. Des universités à 2 vitesses se profilent.

Contrairement aux effets d’annonce, la suppression programmée de la carte scolaire, avec un assouplissement dès la rentrée prochaine malgré l’opposition de la quasi totalité de la communauté éducative ne conduira qu’à un tri renforcé des élèves sur la base de leur « mérite scolaire » au lieu du « libre choix des familles » que l’on fait miroiter. Ce n’est pas la mixité sociale qui est visée, mais bien l’élargissement social des élites.

La loi du 11 février 2005, qui fixe les conditions de l’intégration des enfants en situation de handicap à l’école de la République , continue d’être mise en œuvre à marche forcée, obligeant les enseignants à s’accommoder des insuffisances de l’administration. Dans de nombreux établissements, dans de nombreuses écoles de l’Académie, l’intégration
se fait sans les moyens nécessaires, créant des situations de complète incohérence par rapport aux attentes légitimes des familles. Des recrutements insuffisants d’AVS (2500 qui ne sont ni nommés ni affectés n’ayant bénéficié d’aucune formation), une charge de travail intolérable pour les enseignants référents recrutés en nombre insuffisant, une lourdeur préjudiciable dans le traitement des dossiers ont contraint les équipes pédagogiques à assumer le plus gros des tâches supplémentaires.

La volonté déguisée de casser le droit de grève, pourtant inscrit dans la constitution, en instaurant un service minimum dans l’Education, montre toute la détermination du gouvernement à réduire à néant la contestation sociale, y compris dans l’Education qui a su montrer sa capacité à mobiliser lors des conflits de ces dernières années. Sous prétexte de répondre aux attentes des Français, après les agents de la SNCF , le Président de la République veut s’attaquer à un autre bastion capable de le gêner dans sa politique de mise à mal de la fonction publique. C’est bien à une attaque délibérée du droit de grève que correspondent les pseudo arguments qui n’ont qu’un seul but : créer des divisions dans la population pour masquer les projets réels du gouvernement libéral et autoritaire nommé par N. Sarkozy.

Face à toutes ces attaques contre le service public d’éducation, l’intersyndicale éducation de l’académie de Lille réitère sa volonté de travailler dans l’unité pour contrer les orientations gouvernementales. Pour cela elle réaffirme ses exigences :

Pour une politique scolaire qui assure la réussite de tous grâce au recrutement des personnels nécessaires dans tous les secteurs. Cela passe par un collectif budgétaire susceptible de recréer les postes retirés à l’académie sans aucune prise en compte des difficultés sociales de la population du Nord Pas-de-Calais.

Pour que soit combattue, à l’école comme à l’université, toute logique de concurrence. Cela implique une conception ambitieuse et une revalorisation de l’ensemble des métiers ; une programmation, des créations et des recrutements dans tous les métiers, avec rattrapage des retards accumulés, une amélioration de la formation et une prise en compte des tâches nouvelles et du nécessaire travail en équipe dans le temps de travail.

Pour la défense et l’amélioration de services publics qui répondent, mieux encore, à l’attente des français. Cela passe par le rejet de la politique de suppressions d’emplois et par une programmation négociée des évolutions d’effectifs et des recrutements.

Pour l’amélioration de la démocratie sociale et le respect des droits syndicaux.

Pour des négociations salariales immédiates : à un moment où le minimum fonction publique passe de nouveau en dessous du SMIC il est indispensable de maintenir le pouvoir d’achat de la valeur du point d’indice en 2007, d’amorcer un rattrapage des pertes subies par les actifs et retraités, d’augmenter sensiblement le minimum fonction publique et de lancer une négociation sur la refonte de la grille et la requalification des emplois.

Pour une vraie politique de prévention reposant sur l’éducation et le travail social respectueux des élèves et des familles, en donnant les moyens nécessaires aux professionnels. Les organisations de l’intersyndicale refusent le traitement actuel de la difficulté sociale et éducative, qui vise à la culpabilisation et à la répression des familles à travers la délation et le fichage organisé.

L’intersyndicale éducation de l’académie de Li
lle, d’ores et déjà, appelle toute la profession à se mobiliser pour créer le mouvement de contestation sociale contre la politique libérale du gouvernement en matière d’éducation.

Elle appelle à un rassemblement suivi d’une manifestation :

Mercredi 12 septembre

à 15h30

Place aux bleuets à Lille