Texte action du CFR/CDFD 23 novembre 2012
Les choix sont faits : le gouvernement Ayrault – Hollande a pris le parti des entreprises et des banques, c’est à dire du capital, en optant pour un budget d’austérité et en prônant des mesures dirigées contre le monde du travail précédemment portées par l’UMP, comme l’augmentation de la TVA, en reprenant le mensonge du déficit de "compétitivité" (les « économies » réalisées par la « baisse du coût du travail » ne seront pas réinvesties, par ailleurs les exportations représentent dans notre pays à peine 20 % de la richesse produite), inefficaces (depuis 2002, les cotisations patronales sont passées de 28 à 19 milliards par an suite aux exonérations, pour 700 000 emplois industriels en moins) et dont les retombées ne serviront qu’à rémunérer les actionnaires, au détriment des travailleurs (2007 – 2012, les dividendes versés ont progressé de 27 % alors que la masse salariale ne progressait que de 12% : ce qui bloque l’investissement, donc l’emploi, c’est bien le coût du capital).
Ainsi, d’une part, la « dévaluation interne » par la baisse du « coût du travail », qui montre que le cadre européen ne produit aucune forme de solidarité (la logique étant celle de la « guerre commerciale »), entraîne la France dans la spirale de la politique déflationniste : cette « purge » par la baisse des salaires et des pensions et du pouvoir d’achat, le chômage et les faillites n’aboutit qu’à un renforcement de la crise, avec des conséquences sociales dramatiques, comme l’histoire l’a déjà montré au siècle dernier.
D’autre part, la hausse de la TVA viendra finir d’étouffer la demande, et les baisses de dépenses publiques, outre leur effet récessif dénoncé par des prix Nobel d’économie et reconnu par le FMI qui semble oublier la purge infligée à la Grèce, auront des conséquences inévitables sur la qualité des services publics et sur les conditions de travail et de rémunération des fonctionnaires. La journée d’action du 14 novembre n’a pas été une réponse à la hauteur des enjeux ; dans la région, la présence FSU y a été particulièrement faible.
D’autres chantiers sont à venir (protection sociale, perte d’autonomie, retraites, décentralisation, « flexibilisation » du marché du travail …) sur lesquels nous ne devons pas en rabattre et contribuer à provoquer la réunion des organisations syndicales en capacité de s’opposer à des projets inacceptables.
Sur la question de la décentralisation, l’initiative du forum d’aujourd’hui est un premier pas.
Nous ne pouvons accepter que les jeux soient faits sans que les organisations syndicales n’aient pu participer à un véritable dialogue. Dans la région, même les forums prévus en novembre n’ont-à notre connaissance pas lieu .La question de la décentralisation a des conséquences trop lourdes pour l’ensemble des services publics pour ne pas être traitée à la hauteur des enjeux. La FSU s’oppose à tout pilotage de l’offre de formation par les régions ou les collectivités locales souvent purement en adaptation aux besoins des entreprises. Le 11 octobre, Michel Sapin a encore réaffirmé que la politique de l’emploi est et restera nationale alors que le plan stratégique « Pôle Emploi 2015 » impose une personnalisation du service public rendu aux demandeurs d’emploi. Cette personnalisation est à géométrie variable dans les 25 établissements régionaux Pôle Emploi. Elle est dans les mains des équipes encadrantes locales avec pour conséquence, un traitement différencié, voire inexistant pour les demandeurs d’emploi « 100% web » et une masse de demandeurs d’emploi laissés au bord de la route. La FSU dénonce une approche du traitement du chômage par les moyens donnés à Pôle Emploi et non par les besoins des individus.
Dans l’Éducation , les pseudo- débats « Refondation » et « Assises du supérieur » cachent mal des choix idéologiques et budgétaires que nous ne pouvons accepter. Si nous apprécions un premier rattrapage des suppressions de postes des 14 dernières années-à mettre au compte de nos mobilisations- nous ne pouvons accepter que cela se fasse aux dépens d’autres ministères : la logique de la RGPP (suppression de postes, management de la performance) doit être abandonnée dans tous les ministères. La question du recrutement se pose aussi de façon cruciale compte tenu du manque d’attractivité du métier s’il n’y a ni revalorisation, ni amélioration des conditions de travail, ni pré-recrutements…. Dans le supérieur, les prévisions ne peuvent satisfaire les besoins .En outre, pas d’amélioration pour les personnels administratifs, sociaux et de santé.
Le choix de donner encore plus de pouvoirs aux Régions via le service public de l’orientation et le transfert des conseillers d’orientation –psychologues n’est pas acceptable. Il est synonyme de suppression du service public de l’orientation scolaire, pourtant le seul à même d’aider à lutter contre l’échec et l’abandon scolaires. La mise en place de permanences dans les mairies , y compris avec des personnels non qualifiés n’est pas acceptable non plus.
La FSU appelle et soutient toute action contre ce dévoiement de l’orientation scolaire.
La FSU s’oppose également à tout pilotage de l’offre de formation par les Régions qui plus est selon un principe d’adaptation au patronat local. Cela ne peut que nuire à la formation et à la future insertion professionnelle des jeunes. De la même façon, la volonté régionale de développer l’apprentissage –aux dépens des formations initiales (technologique et professionnelle) est grave tant au point de vue formation qu’au point de vue formation qu’au point de vue adaptation des travailleurs aux évolutions techniques et professionnelles que ces formations initiales assurent avec succès. Enfin, la FSU s’oppose à toute création d’un cycle CM1/CM2/6ème qui reviendrait à nier les spécificités du 1er et du second degré. L’absence d’avancées sur les questions des réseaux Eclair, du CLES et du C2I pour les stagiaires sont autant de signes négatifs donnés à la profession…. Dans l’académie s’ajoutent les attaques contre le temps de services des enseignants du second degré ainsi qu’une souffrance croissante au travail, qui continue à être niée par l’institution –comme le suicide d’une collègue de Béthune il y a un mois.
La FSU 59/62 soutient l’appel à la grève du 11 décembre lancé par plusieurs syndicats du second degré , dont le SNES-FSU, le SNEP-FSU…et appelle à participer à la mobilisation.
Dans notre académie, le positionnement administratif très flou du rectorat concernant le rattrapage des cours prévus (pour compenser le rallongement des vacances d’automne et le pont de l’ascension) est inadmissible.
Situation de la justice des mineurs :
Pendant les années « Sarkozy », les attaques contre la spécificité de la justice des mineurs n’ont jamais été aussi fortes. Les mineurs sont devenus la nouvelle classe dangereuse. L’ordonnance de 1945 a fait l’objet de nombreuses lois votées très souvent en procédure accélérée, généralement après un fait divers dramatique : instauration d’un tribunal correctionnel, accélération des procédures, banalisation de l’emprisonnement… Même si la nouvelle Garde des Sceaux souhaite se positionner différemment (abrogation du tribunal correctionnel et valorisation du milieu ouvert), nous n’assistons pas encore à une véritable rupture avec les politiques antérieures. La FSU réaffirme que les mineurs, auteurs de délit, restent des enfants et qu’il faut, au-delà de la sanction pénale, les protéger et les éduquer. Elle se prononce pour la primauté de l’éducation sur la répression.
Pour l’ensemble de la fonction Publique, la FSU doit engager le rapport de force sur la journée de carence et les salaires.
En ce qui concerne les droits et les libertés, les perspectives ne sont pas bonnes non plus.
Dans la région, les OQTF de jeunes lycéens et étudiants se poursuivent comme sous le précédent mandat, pire même puisqu’un jeune vient d’être placé au CRA de Coquelles et que les tests osseux se multiplient et donnent lieu à l’abandon de jeunes supposés majeurs par la Protection de l’Enfance. La FSU appelle à s’impliquer dans toutes les actions de soutien et à exige un changement de la loi. Les Roms, les sans-papiers et les migrants continuent d’être victimes d’une discrimination et d’un non- respect de leurs droits que la FSU dénonce. Elle appelle à participer aux actions de soutien et demande le respect des droits et la protection, le cas échéant, de ces populations.
Au plan national, ce qui se passe actuellement à Notre Dame des Landes (profusion de cars de police, usage de lacrymogènes, arrestations musclées et menottages serrés) est fermement condamné par la FSU 59/62 tant cela témoigne du peu de changement par rapport à la politique sécuritaire menée sous la présidence Sarkozy.
La FSU regrette fortement les atermoiements du pouvoir actuel sur les questions du mariage pour tous et du droit de vote pour les étrangers non communautaires aux élections municipales.
Enfin, la situation d’Aurore Martin remet gravement en cause les libertés fondamentales. Jamais un citoyen français sous le coup dʼune mise en œuvre du mandat dʼarrêt européen (MAE) nʼavait en effet été livré aux autorités espagnoles pour des faits politiques. Cʼest fait : le 1er novembre 2012, Aurore Martin, militante de Batasuna, organisation politique autorisée en France, a été arrêtée par la gendarmerie, transférée à Pau, puis livrée dans la nuit aux autorités espagnoles, dans le cadre d’une procédure indigne et dangereuse pour les libertés. Dès le 30 novembre 2010, des organisations syndicales, associatives et politiques du département, ont condamné cette procédure, qui conduit aujourd’hui à ce quʼune citoyenne soit poursuivie et incarcérée par les autorités dʼun État européen pour des faits que la France ne considère pas comme illégaux. A plusieurs reprises, la FSU a demandé aux autorités européennes de réviser profondément le MAE et aux autorités françaises, notamment au gouvernement précédent, de ne pas exécuter ce mandat à lʼencontre dʼAurore Martin, demande qui de fait semblait être entendue jusqu’à hier. Une tentative avortée avait eu lieu à Bayonne en juin 2011. Cette extradition constitue une aggravation inacceptable des atteintes aux libertés et ne traduit pas une volonté de lutter contre le terrorisme. Elle porte atteinte à la liberté d’une militante et plus globalement ouvre la voie à la criminalisation de l’expression et de lʼaction politique.
Les CDFD 59 et 62 condamnent fermement la décision du pouvoir exécutif français, et demande que la FSU demande au gouvernement et au Président français qu’ils œuvrent pour qu’Aurore Martin retrouve sa liberté au plus vite et que les libertés politiques soient rétablies.